Douce dame jolie (XIVe siècle)

2012-12-29_052906

Magnifique chanson française du fond des âges, virelai écrit et composé par le champenois Guillaume de Machaut (c.1300-1377). Histoire de rêver un peu au passé, et à cet amour courtois si français (merci à nos troubadours et trouvères).

Cette version est celle du groupe de musique Annwn (groupe pseudo-médiéval allemand), mais il en existe beaucoup d’autres interprétations. Pour info, Annwn ou Annwvyn, c’est le nom gallois pour désigner l’autre monde des Celtes.  Youtube – Douce dame jolie (Annwn)

« Douce dame jolie,
Pour dieu ne pensés mie
Que nulle ait signorie
Seur moy fors vous seulement.

Qu’adès sans tricherie
Chierie
Vous ay et humblement
Tous les jours de ma vie
Servie
Sans villain pensement.
Helas! et je mendie
D’esperance et d’aïe;
Dont ma joie est fenie,
Se pité ne vous en prent.

Douce dame jolie,
Pour dieu ne pensés mie
Que nulle ait signorie
Seur moy fors vous seulement.

Mais vo douce maistrie
Maistrie
Mon cuer si durement
Qu’elle le contralie
Et lie
En amour tellement
Qu’il n’a de riens envie
Fors d’estre en vo baillie;
Et se ne li ottrie
Vos cuers nul aligement.

Douce dame jolie,
Pour dieu ne pensés mie
Que nulle ait signorie
Seur moy fors vous seulement.

Et quant ma maladie
Garie
Ne sera nullement
Sans vous, douce anemie,
Qui lie
Estes de mon tourment,
A jointes mains deprie
Vo cuer, puis qu’il m’oublie,
Que temprement m’ocie,
Car trop langui longuement.

Douce dame jolie,
Pour dieu ne pensés mie
Que nulle ait signorie
Seur moy fors vous seulement. »

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Même si la majeure partie du texte est compréhensible telle quelle (c’est-y pas formidable, sept siècles plus tard ?), voici une traduction en français moderne pour les passages moins clairs.

« Douce dame jolie,
Pour (l’amour de) Dieu, ne pensez pas
Qu’en dehors de vous seule
Une autre règne sur moi (et songez)

Que toujours sans tricherie
Chérie
(je ) vous ai humblement
Servie
Tous les jours de ma vie
Sans viles arrière-pensées.
Hélas! Et je mendie
L’espoir d’un réconfort
Et ma joie va s’éteindre
Si vous ne me prenez en pitié

Douce dame jolie,
Pour (l’amour de) Dieu, ne pensez pas
Qu’en dehors de vous seule
Une autre règne sur moi (et songez)

Mais votre douce domination
Domine Mon cœur si durement
Qu’elle le contrarie
Et le lie
En amour grandement
Qu’il n’a d’autre envie
Que d’être en votre compagnie
Mais votre cœur
Ne me donne aucun signe d’espoir.

Douce dame jolie,
Pour (l’amour de) Dieu, ne pensez pas
Qu’en dehors de vous seule
Une autre règne sur moi (et songez)

Et ma maladie
Guérie
Jamais ne sera
Sans vous, douce ennemie,
Qui vous régalez de mon tourment.
À mains jointes, je prie
Votre cœur, puisqu’il m’oublie,
Qu’il me tue, par pitié,
Car il a trop langui.

Douce dame jolie,
Pour (l’amour de) Dieu, ne pensez pas
Qu’en dehors de vous seule
Une autre règne sur moi (et songez) »

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